Glossaire
Conflit identitaire
L’identité est une partie essentielle de la plupart des conflits religieux, ethniques ou culturels. « L’autre » est souvent présenté et perçu comme mal ou non humain ce qui légitime l’ignorance de leurs perspectives et leurs droits. Les efforts qui visent à trouver des solutions par le dialogue et la réconciliation sont souvent compromis par le manque de volonté des parties à communiquer et à s’asseoir ensemble à la même table. Cela serait souvent perçu comme une menace à leur propre identité. Des conflits identitaires peuvent se manifester sous différentes formes telles que la désignation des boucs émissaires, les stéréotypes, la polarisation, la déshumanisation, ou même le génocide. La réconciliation est généralement un processus long et quelquefois fastidieux.
Crise
Une crise est une phase décisive de stress intense, tension, difficulté, voire d’instabilité ou même de danger qui nécessite souvent une décision importante et peut entraîner un tournant ou un changement drastique afin d’éviter une nouvelle détérioration de la situation ou même une catastrophe. Elle peut affecter un individu, un groupe, une communauté ou la société entière. Dans le cas idéal, lorsqu’une crise est résolue, le système ou l’entité qui a été touchée revient à son état précédent et s’équilibre.
Crise d’identité
Dire « les » flamands, « les » musulmans, « les » immigrés, etc.
Dans le langage quotidien, il est fréquemment utilisé des expressions telles que « LES flamands », « LES musulmans », « LES immigrés », etc. Bien involontairement, ces mots enferment. Ils assignent ceux dont on parle à leur origine ou à une seule caractéristique de leur identité. Dire « LES musulmans », c’est à la fois constituer une entité « eux », en masquant toute l’hétérogénéité de cet ensemble en essentialisant leur appartenance, et c’est créer une représentation sociale qui permet alors facilement d’y associer des stéréotypes et de stigmatiser « tous les … ». Les entrepreneurs identitaires favorisent ce langage car cela permet de se définir en s’opposant à un groupe : « eux et nous ». Ce langage conduit les individus à s’opposer identitairement. Il est donc préférable d’utiliser des expressions telles que « certains musulmans qui …» ou « des flamands qui pensent que … ».
Extrémisme
L’extrémisme est la défense d’idées qui sont très éloignées des croyances dominantes de la société et de ce que les gens considèrent comme correct et raisonnable. Il est généralement considéré comme une violation des normes morales communes en vigueur. L’extrémisme existe dans des domaines différents, tels que la religion ou la politique. Il est souvent associé au fondamentalisme et au fanatisme.
Identité
L’identité se réfère à l’image que quelqu’un a de lui/elle-même et à sa propre perception par rapport à la société. Elle peut également indiquer une appartenance de groupe basée sur des «similitudes» ou des caractéristiques communes telles que la nationalité, la race, la culture, la religion, l’orientation sexuelle, la philosophie de vie. L’identité se construit sur l’expérience personnelle, sur les normes et les valeurs individuelles ou collectives. Elle est considérée comme un concept dynamique (non statique), qui peut se modifier au fil du temps et au fil des changements dans la vie personnelle d’un individu (relations personnelles, par exemple), des changements dans l’environnement immédiat, de l’évolution des perceptions des autres et de l’identification par rapport aux autres.
Identité européenne
L’identité européenne signifie l’identification personnelle ou collective à l’Europe, aussi appelé pan-européanisme, en opposition ou en addition à l’identité nationale. Le concept est moins basé sur l’entité géographique de l’Europe, qui est mal définie, que sur ses aspects culturels, politiques, historiques, économiques, idéologiques et normatifs. L’identité européenne est souvent étroitement liée à l’Union européenne, même si beaucoup de citoyens des Etats non membres de l’UE se sentent reliés à l’identité européenne. La création de l’identité européenne est un des objectifs premiers des efforts de l’intégration européenne. Cette identité se base sur une unité politique et morale, reposant sur un ensemble de libertés et de valeurs constituant l’Union européenne.
L’autre
« L’autre » est un concept qui définit un individu ou un groupe d’individus comme différent de son propre groupe en fonction de certaines caractéristiques telles que la langue, les pratiques culturelles ou l’apparence physique. Ce concept se réfère souvent à des minorités au sein des frontières d’un pays, des nations voisines ou de « l’extérieur » en général. Mais il peut également être utilisé par des minorités pour décrire la population majoritaire. Le concept encourage l’idéalisation de son propre groupe et les particularités de ce groupe sont souvent trop accentuées. Il crée un sentiment d’appartenance en excluant d’autres personnes.
Mondialisation
La mondialisation est l’interdépendance mondiale croissante de l’économie, de la culture, des institutions politiques et de la communication, qui influe directement sur les sociétés dans leur ensemble ainsi que sur l’individu. Internet, les médias sociaux et les nouvelles technologies nous donnent accès à une multitude d’informations et de contacts avec des personnes partout dans le monde. Des frontières linguistiques, culturelles, musicales, alimentaires et des traditions s’estompent. Le commerce international a changé le paysage de nos économies et de la production mondialisée et a influencé la valorisation des capitaux, des biens et des services. Par ailleurs, nos sociétés deviennent plus diversifiées en raison des mouvements migratoires mondiaux.
Mutations sociétales
La société est en évolution constante sur différents aspects tels que l’évolution des modèles familiaux traditionnels et des rôles attribués au genre. Nous voyons l’impact croissant de l’Union européenne dans nos vies quotidiennes. Par exemple, de plus en plus de personnes se déplacent au sein de l’Union européenne pour des raisons professionnelles, personnelles ou touristiques sans avoir besoin d’une assurance maladie complémentaire, de nombreux pays utilisent la même monnaie, etc. Aussi la mondialisation en général a des effets sur la société. Certains de ces changements peuvent être perçus comme des succès et d’autres comme dommageables, cela dépend toujours du point de vue de l’observateur et de sa façon de juger ces transformations. Elles peuvent sembler oppressantes et provoquer un sentiment d’incertitude et de désorientation.
Nationalisme
Le nationalisme est une croyance, un sentiment ou une idéologie qui est généralement construite autour de l’idée que sa propre nation est supérieure à toutes les autres. La culture et les intérêts de cette nation sont considérés comme plus importants que ceux des autres ou des organismes supranationaux. Le nationalisme entraîne un sentiment d’identité nationale. Le nationalisme implique le contrôle d’un territoire déterminé et de la circulation des personnes et des biens à l’intérieur ainsi qu’aux entrées et sorties de ce territoire. Aux yeux des nationalistes, cet Etat territorial appartient à un groupe ethnique et culturel dont les traditions doivent être promues et protégées.
Peuple
« Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. » Peu d’apostrophes du passé sont restées aussi célèbres que celle-ci, lancée le 23 juin 1789 par Mirabeau au jeune marquis Henri de Dreux-Brézé, chargé de transmettre aux députés du Tiers Etat l’ordre du roi Louis XVI de se retirer de la salle où venait de se clore une séance des États généraux. Le peuple venait ainsi d’entrer par la grande porte – rhétorique, du moins – qui allait donner accès aux turbulences de l’histoire contemporaine. Depuis l’aube de la Révolution française, il ne l’a pas quittée, bénéficiant tantôt d’avancées émancipatrices au prix de longs combats, souffrant tantôt d’instrumentalisations éhontées orchestrées par d’ambitieux autocrates. Mais tiré à hue et à dia au gré des stratégies électorales et d’autres intérêts moins avouables, il n’est que trop souvent l’ « indiscuté de la discussion » (Bourdieu). Autrement dit, employé plus souvent qu’à son tour, surtout en temps de surchauffe politique, il ne fait quasi jamais l’objet d’un décryptage digne de ce nom. Bref, qu’entend-on par « peuple » ? Ambigu par excellence, ce terme désigne, sans remonter à la République romaine où il s’appliquait à un des deux organes essentiels de l’Etat (senatus populusque Romanus), à la fois la population – donc, les citoyennes et citoyens dans leur ensemble – qui légitime le pouvoir en démocratie et, par ailleurs, les couches les plus pauvres ou les plus modestes de la société, par opposition à la bourgeoisie. A partir du XIXe siècle, et singulièrement dans la foulée du « printemps des peuples » de 1848, on peut y reconnaître trois figures fondamentales : le peuple démocratique d’abord, celui qui a conquis le suffrage universel et lutte encore un peu partout dans le monde aujourd’hui pour ses droits les plus élémentaires ; le peuple social ensuite, né de la révolution industrielle et qui a dû arracher aux propriétaires des moyens de production des conditions de travail décentes ; le peuple national enfin, issu de la formation des Etats-nations ou la précédant, selon le principe universel du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Tracée à grands traits, cette typologie s’inscrit dans la perspective historique de la conquête de libertés par des individus plus acteurs que sujets de leur destin. Elle fait dès lors grand cas de la notion de demos, à savoir le « peuple » politiquement parlant, et tient à distance celle d’ethnos qui, tout en ayant un sens voisin du précédent, comporte des connotations proches de « race », voire d’« identité originelle », bannissant par conséquent le conflit et le multiculturalisme. C’est que, par bonheur, le souvenir du Volk nazi ne s’est pas estompé dans les esprits, raison supplémentaire de se méfier en ces temps de montée du national-populisme de quiconque fait un appel direct au peuple, estimant de surcroît l’incarner. Un comble ! Ce genre d’aventures, dont le siècle dernier a fourni trop d’exemples, se terminent toujours mal. Pour les peuples justement, constitués d’êtres humains bien concrets, eux, faits de chair et de sang, tellement éloignés des abstractions mythiques de ceux qui les utilisent à des fins personnelles. Le mot « peuple » est donc abondamment utilisé par les populistes identitaires. Dans leurs représentations sociales, il fait référence à une pureté identitaire, à une essence immuable d’une communauté, d’un peuple qu’il s’agit de protéger des contagions extérieures : des juifs, des immigrés, des musulmans, des homosexuels, des non originaires, des allochtones, etc. Ce mot connote une notion ethnique de la nation. Une confusion entre entre l’origine et la nationalité. Il est préférable d’utilser les termes de citoyens ou d’habitants de tel ou tel pays. Ou d’évoquer la société « belge », « française », « allemande », « grecque », etc. (From Aide Mémoire N° 65 Edité par Territoires de la Mémoire )
Politique identitaire
La politique identitaire est l’expression d’idées politiques et de convictions fondées sur l’intérêt social d’un individu ou d’un groupe. Elle s’appuie sur des aspects particuliers de leur identité comme la nation, l’ethnie, la culture, l’histoire ou des caractéristiques similaires. La politique identitaire est souvent rattachée à des groupes minoritaires, tels que la communauté LGBT ou le mouvement féministe qui construisent leur identité sur le communautarisme et la lutte pour leur reconnaissance suite à une expérience d’exclusion.
Populisme
Le populisme est une tendance politique qui met le « populiste » du côté du « peuple » et qui se dresse contre les autres groupes de la société et l’élite politique. Cette élite est présentée comme un groupe qui ne comprend pas les besoins des citoyens car trop éloignée de la réalité quotidienne de la population. Les populistes utilisent souvent des idées irréalistes dans leurs propositions de solutions aux problèmes spécifiques de notre société.
Populisme identitaire
Le populisme identitaire est une forme de populisme qui se concentre fortement sur la nation et qui, le plus souvent, met l’accent sur les intérêts d’un groupe ethnoculturel dominant et fait l’apologie de la pureté identitaire. En plus du rejet des élites, le populisme identitaire rejette les autres groupes ethnoculturels (la plupart du temps des minorités) et les utilisent comme des « bouc-émissaires ». Ces groupes sont considérés comme « dangereux » et comme une menace potentielle pour les droits, les valeurs, la prospérité et l’identité du « peuple ».
Repli identitaire
Le repli identitaire désigne le rejet des autres cultures, traditions et modes de vie, le repli des individus au sein d’une identité ethnique ou d’une identité spécifique créée par eux-mêmes. Le repli identitaire est souvent la conséquence de discours négatifs à propos des autres identités ou de perception de ces autres identités comme une menace potentielle. Il est aussi une réponse aux expériences de discrimination ou de changements profonds tels que l’évolution des rôles liée au genre, la transformation de la structure démographique avec l’immigration, le vieillissement de la population, les inégalités croissantes causées par la crise économique et les mesures d’austérité. Ces transformations peuvent causer un sentiment d’incertitude ou de désorientation, de repli sur une définition très étroite de sa propre identité afin de retrouver un sentiment de stabilité psychologique et de sécurité.